CHAPITRE 02
Pour vous placez dans le temps, je peux vous dire que nous sommes en 2007. En Septembre. Pas très précis me direz vous. Je sais. Mais il y a bien trop longtemps que j'ai perdu la notion du temps et les jours qui passent, pour vous en dire plus. Peut-être que l'on est au début du mois. Oui. C'est ça, le début du mois. Vers le 03 Septembre même. ça se précise hein. C'est la rentrée je crois. Mais je n'y vais pas. Mais je n'y suis pas. Pour que vous sachiez tout même si vous ne me demandez rien. Je vais vous raconter. Le lycée privé, ça vous parle ? ça vous dit quelque chose ? Vous connaissez ? Parce que, personnellement, je ne connais que trop. J'aurai aimé vous dire, non, je ne connais pas ce que c'est. En même temps, si ça avait été le cas. J'en aurai pas parlé me direz vous. C'est vrai. Donc j'aurai préféré que ce ne soit pas le cas. Mais on ne fait pas toujours les bons choix hein. Vous le savez aussi bien que moi je suis sûre. L'année dernière, j'étais dans ce lycée privé. Un digicode à l'entrée. Deux minutes de retard, refusé. Des gens en smoking avec leur week-end en Martinique, le golf comme hobby principal et avec comme seul, ou presque, sujet de conversation: l'argent. Vous cernez un peu mieux les personnages maintenant ? Et vous savez ce qui est le plus drôle ? Sainte-Famille. C'est son nom. ça m'a longtemps fait rire. Aujourd'hui, quand j'y repense. Je ris jaune. Alors voilà, C'est la rentrée je crois. J'en suis sûre même maintenant. Mais je n'y vais pas. Je n'y suis pas. J'ai autre chose à faire à vrai dire. Vous imaginez bien non. Une pauvre junkie de 17 ans a bien d'autres occupations dans sa vie que d'aller en cours, encore plus le jour de la rentrée. Se lever à 5 heures du matin. Prendre ma douche. Descendre. M'énerver à cause de ce gel qui ne veut décidément pas faire tenir ma crête correctement. Attendre Maman. Monter dans la voiture. Mettre la musique à fond. Ouvrir grand les fenêtres. Cinq minutes plus tard, arriver à la gare. « A ce soir Maman. Vers 19 heures ici. » Sortir de la voiture. Mettre les écouteurs sur mes oreilles. Allumer une Camel. Voir les autres traverser la passerelle. « Bonjour toi. ». Puis monter dans le train. Sinik. Mécano. Soprano. La musique qui défile. Arriver à destination. Une vingtaine de minutes plus tard. Descendre. Me poser devant la gare pour reculer au plus possible le moment fatidique. Seconde clope. Puis l'heure arrive. ça y est. Je ne peux plus y échapper. Non. Vraiment. Je n'ai vraiment pas envie de revivre ça aujourd'hui. Ce sera pour plus tard hein. Quelle idée vous vous direz. Ne pas aller au bahut le jour de la rentrée. Mais après tout, j'ai vraiment plus urgent vous savez. Il m'attend. Il nous attend. On doit lui dire « Au revoir ». Une dernière fois...
MAYBE. OU PAS .