C'était beau là-bas... C'était beau ouais...
Pas comme ici hein. Ça c'est sûr. Ces tours de béton. Pff. C'était beau là-bas. Pourquoi c'est pas pareil partout. Ce serait trop beau hein. Ouaip. Trop beau sûrement. C'est ça. C'était les montagnes. C'était l'eau à deux pas. C'était cette caravane pourrie de moisissures. Mais c'était cet environnement qui ne peut que faire rêver. C'était les souvenirs. Les bons moments. Toutes ces photos prises pour dire de ne jamais perdre ces deux mois. Pour dire de garder ces images en tête durant cette année qui va sûrement paraître très longue. Pour dire de. Ouaip. Pour se dire qu'après. Dans un an, je l'espère. Ce sera enfin Le départ. Pas le départ pour deux mois qui fait du bien. Mais tellement de mal au retour. Le vrai Départ. Celui pour deux mois. Mais sans retour ici après. Un départ pour ailleurs. Ouaip. Ça doit être pour ça. C'était bien. Trop peut-être pour durer et continuer ici. Alors bien sûr, ces images, on ne pourra les oublier. Mais cette ville là. Cette masse de gens. Comme Elle le dit si bien. Ça fait peur. Ça effraie. J'ai peur. Je suis effrayée. La foule. Qui individuellement ne s'entend pas parler. Mais qui, en groupe, font un bruit monstre. La fenêtre sera fermée. Pour plus de tranquillité. La chaleur commence à se faire sentir. C'est une horreur après ces deux mois. C'était beau là-bas. C'était bien ces moments avec ces gens qui sont passés. Que du bonheur. Ou presque. Beaucoup plus qu'ici en tous les cas. Les revoir. Eux. Même si leur départ nous a été dur après une vingtaine de jours. C'est rien. C'était ces journées au lac. Ensemble. Sur ce pédalo. Les voir jouer et rire ensemble ces deux là. Eux, qui à la maison, sont incapables de s'entendre. Trop d'écart d'âge sûrement. Se dire que, au moins, l'histoire de trois semaines, il aura vu autre chose que sa vie là-bas. Même s'il en a passé du temps sur l'ordinateur là aussi. C'est rien. Ce qui me fait peur. C'est que ça ne l'a pas fait réagir. Non. Même pas changer un peu. Rien. Quedal. Nada. Nothing. Nichts. Niente. Rien. Il est retourné à sa vie derrière son ordi, à ses soirées de merde, à se coucher à 5heures du matin pour se réveiller à 16 heures, à rentrer bourré. Ouaip. Mais c'est pas ça la vie Grand Frère. Quand est-ce que tu vas enfin t'en rendre compte hein, dis moi ? Bientôt hein. Tu le sais que j'suis là si jamais tu as besoin un jour hein. Mais j'ai l'impression que je n'peux plus rien faire pour toi. Ni moi, ni personne à vrai dire. On a tous essayé à notre manière je crois. Mais rien ne marche. Rien. Peut-être qu'un jour. Ouaip. Mais ce jour ne doit plus tarder Frérot. Tu mérites bien mieux. Et Maman aussi tu sais... Et toi Maman ? T'as passé de bonnes vacances hein ? J'y tenais à ce que vous puissiez venir. Parce que je savais qu'à chacun de vous, ça ne pouvait faire de mal. Surtout pas à toi. Changer d'air, de vie l'espace de quelques semaines. Ne rien faire, juste profiter un peu. De cet air pur que tu n'as pas forcément souvent à la maison. Oublier un peu, même si c'est pas possible, tous ces hôpitaux, ces médecins, que tu peux voir à longueur de temps. Juste profiter. J'espère que ça t'a fait du bien. Même si le retour n'en est que plus difficile hein. Je le sais. Mais je sais aussi que... Bientôt, on se reverra. Bientôt. Et toi ma Tite Soeur ? Un peu de vacances, ça fait du bien hein ? Changer d'air toi aussi. Avant de reprendre les cours. Avant de ré-entendre les mots pas toujours sympa de l'autre. Tu as pu en profiter un peu aussi j'espère. Ouaip. Tout ça. C'était votre départ. Un jour un peu plus difficile que les autres sûrement. C'était ses passages à lui, qui tentait de nous rendre visite le plus régulièrement possible. C'était sympa. Alors bien sûr, au début nous étions un peu réticentes. Se retrouver là, dans ce petit camping alors que tout le reste du personnel était dans le grand. Alors bien sûr, ce n'était quelques petits tours en golfette les premiers jours où nous étions là-bas. Alors bien sûr, ce n'était que deux ou trois barbecue où nous avons été. Mais au fond, ça n'en était que mieux. C'était pas la pression du gérant. C'était pas un respect catégorique et obligatoire des horaires. C'était même une matinée de congés improvisée. C'était bien. C'était beau là-bas. C'était le vélo, puis le stop, pour aller faire les courses. Alors bien évidement, c'était pas toujours agréable. On en avait pas toujours l'envie ni la motivation. Mais c'était la vie au grand air. La vie comme on la veut. Ou presque. Pas comme ici. C'était tous ces insectes que je ne pouvais supporter moi grande phobique de tout ce qui peut voler, piquer , de toutes bêtes de petites corpulences. C'était moi qui ait finit par m'y habituer à tous ces papillons, moustiques, araignées, sauterelles, grillons. C'était tous ces magazines achetés pour nous occuper. Ce retour en enfance. Picsou. Mickey. Donald. Vous connaissez la rengaine hein. Riri. Fifi. Loulou. Et même J'aime Lire aussi. Parce que quitte à retourner en enfance. Autant le faire jusqu'au bout. C'était ces bouts de rochers au bord de l'eau où on a passé de bonnes après midi au soleil. C'était la galère de la lessive à la main. C'était les deux petits rats dormeurs au bloc des anglais. Et l'un de leur petit que nous avons essayé de sauver en vaim. C'était revoir leur petite bouille une fois sur trois en allant y faire le ménage. C'était la peur cette nuit d'orage que notre chère caravane ne résiste pas. C'était ces chutes en vélo à cause de manches à balai et raclettes sur le dos sûrement. Plus de peur que de mal au final. Ouaip. C'était le froid du matin qui nous paraissait glacial mais qui, au final, restait plus agréable que cette chaleur humaine étouffante. C'était ces cartes et ces mots envoyés par ci par là. C'était ce petit essaie en voiture. Bon pour Elle. Un peu moins concluant pour moi. C'était un bon fou rire. C'était Ses parents qui sont venus deux ou trois fois. Accompagnés de Sa tante. C'était ses pieds qui dépassaient la nuit de la fenetre de la caravane parce que la chambre-placard n'était pas assez grande pour lui. C'était ces gens rencontrés. Plus ou moins sympa c'est vrai. Les Bidochons, la famille espion qu'on a vu qu'une seule fois quitter le camping en plus de quinze jours de vacances. C'était les plaintes de gens. Des prix trop élevés. Trop peu de commodités. Des bungalows trop petits. C'était nous qui acquiesçons parce qu'on ne pouvait que être d'accord avec eux. C'était tous ces moments toutes les deux. Ensemble. Liées malgré quelques désaccord. C'était pas ça qui comptait. C'était ce qu'il y avait autour de nous pour nous rappeler les vrais valeurs de la vie. C'était des moments plus que sympa. C'est tout ce que je veux en retenir en fait je crois. C'était beau là-bas. Ouaip. Pas comme ici, c'est sûr. C'était deux fois rien. Deux petits mois. Juste un avant goût de la vie que l'on veut vivre. Pas de celle ici c'est certain. Alors oui, d'ici là, il reste un an. Il va falloir se réhabituer à la vie ici. C'est plus dur que l'on ne peut l'imaginer. C'est aller à la fac. Parce que oui, pour faire fermer la gueule à certains qui on pu vouloir m'enfoncer, je l'ai eu ce putain de bac. Malgré le fait que ça faisait plus de deux ans que je n'avais pas mis les pieds dans une salle de cours. J'me suis démerdée toute seule. Et j'ai réussi. C'est tout ce que je voulais. Te montrer à Toi, Maman, que malgré mes conneries, je n'ai pas tout perdu. J'en ai sorti au contraire une motivation intacte, multipliée par dix, vingt, trente peut-être. Et tu le sais maintenant, c'est cette motivation qui nous mènera, Elle et moi, à cette Vie. La vraie. Celle qu'on veut vivre Ensemble. On le sait nous, ces deux mois on prit fin il y a quelques jours maintenant, mais ce n'est que provisoire. En espérant très sincèrement que d'ici le prochain mois de Juin. Le Départ sera définitif cette fois ci. Enfin Vivre notre Vie... Celle qui nous fait rêver. Celle qui vous fait parfois pitié. Celle qu'on assume plus que tout... Celle qui nous unira toujours plus fort jusqu'au bout....
MAYBE. OU PAS.